Dans un coin de monde

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Salut!

Comme je ne suis pas de France j’aimerai bien vous donne l’idée de mon pays.                  Je viens d’une mystérieuse baie située sur la côte sud-est de la mer Adriatique qui ressemble à un bras de la Méditerranée caressant les Alpes Dinariques de ses odeurs du sud. La baie dont je parle et au bord de laquelle je m’apaise chaque matin en respirant son air salé se nomme BOKA KOTORSKA, les Bouches de Kotor. Cette perle des fjords creuse de hautes montagnes qui donnent à ce pays le nom de Monténégro : la montagne noire.                                                                                                                                                   Je commence l’histoire de ce magique pays méditerranéen par le bord de la mer. Pourquoi ?Parce que je crois que nombre des plus conquérants, guerriers et dirigeants du monde n’ont pu résister à la tentation de l’occuper ou de simplement y faire escale et d’y profiter des fruits et bénéfices d’une terre de rêve. Il semble pourtant possible de traverser ce pays en une journée tant sa superficie, qui couvre 13812 km² (un peu plus que la région Nord-Pas-de-Calais), est petite. Cependant la nature s’y est donné la liberté de jouer d’imagination et de créativité.

L’aventure commence donc sur aux abords de vieilles colonies des anciens Illyriens et Romains. Ils ont été attirés par l’inhabituelle côte au pied de magnifiques montagnes dont la grandeur protège des trésors naturels cachés comme des créatures mythologiques. Trois monts s’élèvent et scrutent l’horizon marin : Rumija (1592 M), Lovcen (1749 M) et Orjen (1894 M) qui semblent, d’un accord secret, garder et annoncer les joyaux qui s’étalent à leurs pieds.

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Derrière eux, dans le cœur des montagnes, se cachent cinq parcs nationaux dont nous entendrons peut-être le rugissement ou la mélodie que porte le vent qui chante constamment à nos oreilles tandis que notre regard se porte sur les parois de pierre de la baie. Nous y flottons et elle semble plongée dans un profond sommeil.  

 DSC_0024 DSC_0081                                                                                                                                                        Mais commençons par la ville de Saint Stéphane qui nous fait face, couronnée. En 1382, c’était un centre de production de sel. Des rois y ont résidé, l’ont construite et admirée.La ville grandit et fut plus tard connue sous le nom de Castrum Novum ou Castel Novo, Villeneuve et finalement Herceg-Novi. C’est sous cette dénomination qu’elle a accueilli sultans et ducs mais a aussi parfois souffert des soldats et des pirates.                            Tandis que la ville grandissait, elle se couronnait de fortifications qui étaient alors d’une grande importance, surtout pour se protéger des visiteurs indésirables venus de la mer. Ils venaient attaquer, combattre et parfois restaient gouverner la ville. C’est ainsi qu’il était possible d’entendre toutes sortes de langues sur les places d’Herceg-Novi qui a vu passer les Sultans Turcs en 1482, les Espagnols en 1538-1539 avant d’être reconquise à nouveau par les Turcs et occupée par ceux-ci jusqu’en 1687. Puis ce sont les Vénitiens qui occupèrent la ville jusqu’à leur chute en 1797.

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La ville fait face à la mer avec ses fenêtres et ses terrasses cachées par les camélias, embaumant les rivages adriatiques de fragrances de roses, de mimosas et de jasmins. Sous le dôme azur du ciel, tout s’épanouit. Le poète et écrivain-voyageur Zuko Dzumhur dirait : « Ici, tout vit dans le soleil, grâce au soleil, pour le soleil. »

Nombre d’écrivains et poètes furent inspirés par la beauté de la baie. Un officier de marine français, ayant navigué sur toutes les mers et tous les océans du monde, Julien Viaud (Connu sous le nom de plume de Pierre Loti, 1850-1923) jeta l’ancre dans les Bouches de Kotor à l’automne 1880. Il était lieutenant du navire français Friedland qui vint avec une escadre internationale pour faire pression sur l’empire Ottoman afin que la ville d’Ulcinj revienne au Monténégro. A Baosici, où était basé le bateau de Loti, l’écrivain connut une histoire sentimentale avec une belle bergère du nom de Pasquale Ivanovic. De nos jours, les gens appellent encore le quartier où se trouve une plaque commémorative du séjour du navigateur-artiste « Loti ». De ce passage dans ce pays exotique, il écrivit deux nouvelles : « Pasquale Ivanovic » et « Voyage de quatre officiers au Monténégro » où l’écrivain voit le paysage de l’arrière-pays comme « une mer pétrifiée dans un pays lunaire ».

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En allant d’Herceg-Novi vers l’intérieur de la baie, nous passons par l’étroit détroit de Verige (250 M de large) dont le nom fut donné sous le règne du roi Lajos qui en bloqua l’accès par des chaines (« verige » en langue locale) afin d’empêcher les bateaux vénitiens d’entrer dans la baie et d’attaquer Kotor, alors sous protectorat hongrois. Sur les deux caps du détroit on peut encore voir les vestiges de murs et de tours de garde.

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Continuons notre voyage vers les cités de pierre dont les solitaires cloches s’appellent et parlent entre elles de nombreuses légendes sans fin… Les îles… Notre-Dame-des-Pierres et Saint-Georges reposent, murmurant des jours anciens, quand les Titans créaient le monde. A la place d’un lac, ils décidèrent de donner aux Hommes une ouverture sur le monde. Les Dieux installèrent deux falaises sur lesquelles le chef des Titans prit pied pour briser la montagne et relier ainsi le lac à la pleine mer. Ce qu’il reste de ces deux falaises, ce sont les actuelles îles où, tout près, Andromède et Persée vivent dans des palais sous-marins et empruntent encore la route sous les flots qui mène à Saint-Eustache à Dobrota. Il nous y parvient aussi le son d’une mélodie française : « l’ermite de Perast ». C’est l’une des plus belles légendes d’amour. L’officier français, Anthony Slovic et une jeune femme de Perast, Katica Kalfic, devinrent inséparables. Ils crurent que lorsque la guerre serait finie, ils vivraient ensemble et seraient heureux. Ivres d’amour, ils ne purent prévoir qu’un accident, quelques jours plus tard, vienne les séparer pour les réunir après dans la mort. Depuis, sur l’île Saint-Georges, le long du mur de l’église, se trouve une tombe sans inscription qui protège les Roméo et Juliette de Perast.

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Tandis qu’à nos oreilles résonne encore l’écho de leurs murmures, quelques coups de rame nous mène vers Saint-Tryphon,  le Saint patron de Kotor. Près du premier théâtre du Monténégro fondé par Napoléon, le tocsin  des anciennes cloches de la cathédrale nous emmènent vers le village perché de Pestingrad sur le pont duquel est assise la fée Alkima. Tandis qu’elle peigne ses longs cheveux et les tresse, elle fixe du regard le mont Lovcen (1749 M) du proche parc national du même nom. A son sommet le feu est allumé, là reposent les reliques du plus grand des toutes les familles monténégrines. Philosophe, poète, diplomate, chef, grand penseur… Pierre II Petrovic-Njegos repose en paix au milieu de la beauté de son pays. Au pied d’un des flancs de la montagne « l’eau du golfe semble  vouloir grimper les falaises nues pour toucher le ciel». De l’autre côté, Cetinje, ancienne capitale et lieu de résidence des rois est le cœur du « vieux Monténégro » et la porte de ses quatre autres parcs nationaux, joyaux des enfants de la montagne noire.

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Le lac Skadar (475 km², jusqu’à 5 mètre au-dessus du niveau de la mer, d’une profondeur moyenne de 5 à 8 M) est le lieu de résidence de plusieurs espèces endémiques d’oiseaux. D’aout à septembre, il est possible d’y recueillir à la surface de l’eau et de gouter les noms du lac « kasaronja » aussi appelées par la légende « les diables marins ».

Le massif de Prokletije, le « maudit », montre ses dents à l’est du lac avec des pics qui montent à plus de 2000 mètres et forme une frontière naturelle avec l’Albanie en offrant de nombreux abris aux fées.

 Plus au nord, au-dessus du bois de Biograd, entrelacé d’arbres dignes d’une jungle qui cachent un lac, s’élance le sommet de Crna Glava, la tête noire (2139 M). Il inspire le Bobotov Kuk (2525 M) du Nord-ouest du Monténégro qui change tous les mois sa canopée d’une fine couverture verte en été pour devenir un invraisemblable vieil homme blanc en hiver. Seuls les grimpeurs passionnés sont amoureux de cette nature vierge et seuls les visionnaires s’approchent et passent une nuit et une journée avec lui. En croisant les bergers près des « katun » (bergerie de montagne), le visiteur sait qu’il a traversé un étrange paysage, caché le long de la péninsule balkanique, entre Orient et Occident. Cette région se démarque fièrement comme le vieux pont de pierre sur la Drina qu’a décrit le prix Nobel de littérature Ivo Andric… Avec ses histoires enfouies, il vous reste encore à le découvrir.               

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En caravane, pieds nus, en train, en voiture, en train, en avion, en auto-stop… à votre guise… Pour commencer le voyage, laissez-vous guider par votre imagination et par le pinceau du vent qui forma à travers les siècles les montagnes, les vallées et fit virevolter la mer de cette terre exotique des enfants de la montagne noire ! 

Ce texte  j’ai écrit pour un atelier à Clermont Ferrand avant-dernière année, j’en vais vous écrire plus tard.

Je veux remercier  à Olive pour la traduction et de la patience.                                           Merci à Elza, Danka et Madam Svjetlana http://seribalkans.wordpress.com/2012/09/14/herceg-novi-en-ville-et-dans-les-ateliers/ 

Si vous avez intrigué vous pouvez regarder  des beautés de mon pays avec des yeux http://www.zalaz.org/

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